shutterstock_1714876936.jpg
shutterstock_721499356.jpg

Des fonds méditerranéens contrastés

Aucun point de l'île de Beauté n'est distant de plus de quarante kilomètres de la Méditerranée. La Corse est entourée d'un plateau côtier d'inégale largeur : une vingtaine de kilomètres du côté d'Aléria, tandis qu'autour de l'arête montagneuse du Cap, il est d'une étroitesse extrême. Les reliefs sous-marins reproduisent les éminences terrestres d'une manière inversée, comme dans un miroir. Cette plaine continentale sous-marine descend plus ou moins progressivement donc, à une profondeur de 150 m à 200 m, puis chute brusquement à 1 000 m quand le socle sous-marin sur lequel repose l'île entière disparaît. La plaine sous-marine se divise en quatre groupes : la partie la plus proche de la côte, profonde de 10 m à 20 m, faite de sable, de galets et de rochers ; une partie dont la profondeur atteint progressivement les 40 m : c'est la zone des zostères sur laquelle s'étend non uniformément une prairie d'algues vertes ; une autre encore plus profonde (jusqu'à 80 m) dans laquelle pousse le corail ; une dernière, faite de vase, qui descend jusqu'aux limites du socle cristallin.

Un littoral hétérogène

Pour ceux qui ne pratiquent pas la plongée sous-marine, le littoral corse offre une véritable diversité de situations qui sont un des attraits majeurs du tourisme dans l'île. La vaste bande sableuse de la côte orientale, parfois coupée d'étangs et de lagunes, offre de belles plages avec les courbes gracieuses de ses dunes, lesquelles rappellent le littoral languedocien. La côte méridionale et occidentale est très découpée, au point que jadis, on ne pouvait en relier les différents points que par bateau ! On y trouve de grands promontoires qui rappellent un peu le Finistère, et de profondes entailles à l'abri desquelles se sont développées des villes : les golfes de Propriano, d'Ajaccio et de Porto. Plus haut, la côte s'assagit. Le littoral reste toutefois très morcelé, car il a été attaqué par la mer au cours des différentes transgressions quaternaires. Le paysage offre parfois un aspect semblable aux côtes bretonnes ou à celles des Maures. Dans les estuaires de Figari ou dans la baie de Porto-Vecchio, on peut même admirer de véritables rias ! Le nord de la Corse est connu pour les doux paysages de la Balagne et ceux, désolés, des Agriates voisins. Leurs côtes sont ponctuées de petites anses surmontées de promontoires délicatement sculptés par l'érosion. La presqu'île du Cap Corse offre un relief beaucoup plus tourmenté et sauvage.

Les plages corses sont donc considérées à juste titre comme faisant partie des plus belles plages du monde. On trouve des plages de sable fin comme la plage de Saleccia, de l'Ostriconi et de Calvi, aussi bien que des plages en galets et incrustées dans la roche vers Porto. Pour de longues plages s’étendant à perte de vue, on se rendra plutôt sur la côte est.

Les lacs et marais, réservoirs de biodiversité

D'une valeur patrimoniale remarquable, tant du point de vue paysager qu'écologique, plus d'une trentaine de lacs d'origine glacière sont présents en Corse, datés jusqu’à moins -14 000 ans. Ils sont dans l'ensemble situés en haute montagne, le plus haut se trouvant à 2 442 m d'altitude. On les trouve principalement sur les massifs du Cinto, Rotondo, Monte d'Oro et Renoso.

D'origine naturelle ou résultats de transformations des milieux par les humains, beaucoup des marais corses sont classés et protégés, car ils sont des réservoirs de biodiversité abritant des espèces végétales remarquables et menacées, ainsi que des espèces d'oiseaux et de poissons qui s'y reproduisent et s'y développent. En Corse, quatre d'entre eux sont reconnus comme d'importance internationale : les étangs de Biguglia, d'Urbino et de Palo, et les mares temporaires des Tre Padule de Suartone.

Une histoire géologique particulière

Pour comprendre la formation géologique de cette masse minérale, il faut remonter aux origines de la Terre : au précambrien, la partie occidentale et la partie méridionale de l'île devaient être réunies au massif provençal des Maures, ainsi qu'aux Pyrénées occidentales. On retrouve, en effet, les mêmes roches cristallines dans ces trois endroits : essentiellement, du granite. C'est dans cet ensemble, celui du massif hercynien d'Ajaccio, lequel forme un vaste bloc s'étendant de Solenzara, au sud, à l'Ile-Rousse, au nord, que se trouvent les plus hauts reliefs, mais aussi les plus escarpés, avec des roches résistantes et des sommets aigus. Les glaciers du quaternaire ne se sont pas répandus vers la plaine mais ont toutefois contribué à sculpter les sommets. Parmi eux, on dénombre, outre le Cinto et ses satellites, les groupes du Rotondo (2 695 m) et du Monte d'Oro (2 391 m) au centre de l'île, et de l'Incudine (2 136 m) au sud. Au nord-ouest de cet ensemble, on peut découvrir une vaste bande de terrains houillers : ce sont essentiellement des gisements du carbonifère supérieur.

Dans un vaste arc de cercle autour de Bastia, on trouve des schistes lustrés semblables à ceux que l'on peut observer dans le Piémont. Leur altitude ne dépasse guère les 1 500 m. Ce sont essentiellement des terrains tertiaires, d'origine sédimentaire, donc issus des dépôts provoqués par les différentes mers qui ont recouvert ces régions au cours des temps géologiques. Ces terrains ont été surélevés par les vastes mouvements tectoniques qui ont provoqué l'apparition des Alpes voisines. Les mouvements des failles à l’origine des reliefs de la corse sont concentriques : ils suivent une direction sud-nord, au Cap Corse. Puis, ils se couchent progressivement selon un axe ouest nord-ouest, à la limite sud de cette partie schisteuse de la Corse, aux confins de la plaine d'Aléria.

Entre ces deux blocs d'inégale importance, lesquels délimitent deux régions principales, court une bande transitoire. La ville de Corte est implantée sur cet axe qui serpente depuis les rivages s'étendant entre le Reginu et l'Ostriconi, au nord, jusqu'à Solenzara, au sud. Ainsi, autour des sommets du Rotundu, de Monte d'Oro, de Renoso au centre, et de l'Incudine plus au sud, on peut observer une vaste dépression. Les sols sont tertiaires et on les reconnaît du premier coup d'œil tant ils tranchent sur les montagnes granitiques!