Carthagène des Indes, ainsi dénommée pour la distinguer de Carthagène d’Espagne, fut construite sur le site d’un village amérindien abandonné, Calamarí (qui signifie en indigène calamar), situé sur une petite île portant le même nom. Elle a reçu beaucoup de noms dans son histoire, mais aucun ne lui va mieux que Cartagena de Indias. Il fait rêver. Aujourd’hui, Cartagena est l’un des pôles touristiques majeurs du tourisme en Colombie.Les originesRodrigo de Bastidas découvrit la baie de Calamarí en 1501 mais ne s’y arrêta pas, croyant qu’il ne s’agissait que d’un golfe. Deux ans plus tard cependant, le nom de Carthagène apparaît pour la première fois dans un décret de la reine Isabelle la Catholique. Nul ne sait comment, ni pourquoi. Bientôt débutait la ruée vers l’or et l’émeraude. Il fallait construire un port pour rapatrier toutes ces richesses en Espagne. C’est à Pedro de Heredia que revint cette mission. Ce dernier dut quitter ses nobles racines madrilènes après un fâcheux duel. Il s’installa à Santa Marta, puis à Carthagène, où il débuta le négoce de l’or avec les populations natives. Heredia était alors accompagné d’une belle Indigène, Catalina, une ancienne esclave de Santo Domingo. Devenu gouverneur, Pedro de Heredia établit résidence dans le village de Calamarí et fonde Carthagène en 1533. Il s’installe sur la presqu’île de Bocagrande. Les voies d’accès au port étaient faciles à contrôler. Deux ou trois collines surplombent la plaine environnante : de là, il était possible d’observer la baie.Colonisation, or et mercenairesLe petit village prospéra rapidement grâce à la découverte de nombreux trésors dans la région. Des expéditions de mercenaires furent dépêchées afin de collecter tous les vestiges de valeur laissés dans le pays par les anciennes civilisations indigènes. Lors de la première expédition, deux bijoux célèbres furent ramenés : un porc-épic en or massif de 60 kg et huit canards en or de 1,3 kg chacun. A titre de récompense, les mercenaires reçurent une importante somme, 6 000 ducats par personne. Une fortune quand l’on sait qu’un ducat pèse environ 37 g d’or pur. Les trésors ramenés lors des expéditions suivantes s’avérèrent encore plus splendides, notamment ceux qu’on retrouva dans les tombes Sinus, ce peuple amérindien qui enterrait les morts avec leurs biens. Les cimetières étaient entourés d’arbres auxquels étaient suspendues des clochettes en or. Un dicton populaire illustre la richesse du fleuve Sinú : « L’or du Pérou n’est rien comparé à celui du Sinú ! »En 1552 cependant, un feu réduisit en cendres la ville de Carthagène dont toutes les maisons étaient alors en bois. Pedro de Heredia ordonna qu’on reconstruise tout en acier. La ville a ainsi pu conserver ses caractéristiques architecturales jusqu’à nos jours.Avec la poursuite de la colonisation espagnole en Amérique du Sud, les pilleurs espagnols découvrirent les fabuleuses richesses de diverses nations indigènes, y compris celle des Incas. Le port de Carthagène profita de ces pillages. Des navires aux précieux chargements venus de l’Equateur et du Pérou accédaient à Carthagène par l’isthme de Panama. On les chargeait alors d’autres biens récoltés à l’intérieur du pays. Les conquistadors mirent en place un réseau de mules et d’esclaves pour transporter vers la côte les butins d’or et d’émeraudes. Les galions faisaient ensuite escale à Cuba ou à Porto Rico, où d’autres marchandises venaient s’ajouter à leur inestimable cargaison. Enfin, le cap était mis sur l’Espagne. Aux XVIe et XVIIe siècles, Carthagène fut donc en quelque sorte le coffre-fort ibérique du Nouveau Monde.Lucrative traite des esclavesUn autre facteur permit à la ville de se développer rapidement : le commerce des esclaves. Au début du XVIIe siècle en effet, le roi d’Espagne accorda à la colonie le monopole de la traite. Il faut rappeler qu’à cette époque, la Couronne d’Espagne avait interdit l’esclavage des Amérindiens, tout en accordant à certains hommes prestigieux des colonies le droit de participer au marché des esclaves africains. Ainsi, Carthagène reçut le terrible privilège hautement convoité de faire partie des centres officiels de la traite des esclaves, avec Veracruz au Mexique. Toutes ces activités commerciales ont permis aux notables locaux d’amasser d’énormes fortunes et de construire de superbes résidences qui, aujourd’hui encore, font le charme de la ville. En quelques années, Carthagène atteignit un tel niveau de prospérité qu’elle attira toutes les convoitises des pouvoirs coloniaux, ainsi que celle des nombreux pirates qui sillonnaient les mers. En 1543, un Français du nom de Robert Boal lança une attaque réussie sur la ville. Le pirate réussit à extorquer 310 kg d’or à la ville.C’était le début d’une longue liste d’assauts de pirates, notamment ceux des Anglais Francis Drake (en 1586) et Vernón (en 1741), et des Français Martin Cote (en 1559), Jean-Bernard Desjeans et Jean Ducasse (en 1697). La Couronne d’Espagne, irritée par toutes ces pertes, décida de fortifier la cité. Carthagène devint la ville coloniale la mieux protégée d’Amérique du Sud. La construction d’un ensemble de forts, de châteaux et de forteresses fut confiée, au début du XVIe siècle, au célèbre ingénieur italien Bautista Antonelli, au service du roi Philippe V depuis 1570. L’entrée de la baie fut alors protégée par deux forteresses et la seule voie d’accès terrestre fut également bloquée par un château fort. On dressa plusieurs places fortes reliées entre elles par des remparts.On y employa des milliers d’esclaves noirs, et des fortunes financières colossales y furent englouties. Les travaux se prolongèrent jusqu’à la première moitié du XVIIe siècle. La forteresse de San Felipe de Bajaras fut érigée avec la participation d’ingénieurs et d’architectes italiens, espagnols et hollandais. Il fallut quarante ans pour la construction d’un ensemble de murailles, de tours et de ponts-levis sur la colline la plus proche de la ville.Une ville très convoitéeEn 1767, l’amiral Jean-Bernard Desjeans, dit baron de Pointis, est envoyé de France afin d’affaiblir l’Espagne par des attaques de ses places fortes coloniales. Le baron de Pointis prend d’assaut Carthagène. Le baron s’empara des forts les uns après les autres. Ses troupes pratiquèrent un pillage systématique de la ville. Le butin de son vandalisme fut évalué à neuf millions de pesos d’or, notamment un sépulcre en argent massif de deux cent cinquante kilos, que Louis XIV restituera par la suite.En outre, les rivalités commerciales entre Londres et Madrid vont alors en s’aggravant. L’Angleterre cherche à dominer la mer des Caraïbes afin d’acheminer en toute sécurité ses marchandises depuis l’Amérique. Parmi tous les conflits armés qui ont marqué l’histoire de la ville, deux dates sont à retenir : la première est 1741, année de la bataille de Vernón, la deuxième : 1810, année de l’Indépendance vis-à-vis de l’Espagne.En 1741, 186 navires britanniques se pré­sentent devant Carthagène. C’est la flotte la plus imposante que les Carthaginois aient jamais vue au large des côtes. L’amiral Edward Vernón a sous ses ordres 23 600 combattants disponibles. Il dispose, en outre, d’un régiment de 4 000 Américains. Carthagène, elle, pour se défendre ne dispose que de 3 000 hommes et de six bateaux de guerre. Mais c’est seulement à la troisième tentative que l’amiral Vernón réussira à prendre Carthagène. Il s’empare de la forteresse de San Luís de Boccachica en seize jours à l’aide d’une kyrielle de canons. Les navires anglais débarquent dans les îles de Manga et de Gracia. Le régiment américain occupe la colline de la Popa. L’amiral crie déjà victoire.L’Anglais décide de s’emparer de la forteresse de San Felipe de Barajaras, mais ils sont écrasés par la garnison du colonel Carlos de Naux. Ils ont perdu 800 hommes et 200 sont faits prisonniers. De plus, la dysenterie et la fièvre font des centaines de victimes chez les Anglais. Ils décident finalement de lever l’ancre en détruisant toutes les forteresses dont ils s’étaient emparés.La ville mère de l'indépendanceDes travaux devaient désormais être entrepris à Carthagène afin d’en faire une place forte inexpugnable. La forteresse de San Felipe de Barajas fut rénovée et perfectionnée. Cette forteresse est sans conteste l’ouvrage d’architecture militaire le plus impressionnant. Une muraille sous-marine, el Dique, fut érigée de 1753 à 1778, entre la presqu’île de Bocagrande et l’île de Tierra Bomba, afin de fermer la principale voie d’accès à la baie de Carthagène. Pour reconstruire cette ligne de défense, on fit travailler des centaines d’esclaves qui transportaient des roches énormes pour les déposer au fond de l’eau. De nos jours, la partie supérieure de la muraille est encore située à un mètre au-dessous du niveau de la mer. La guerre contre l’Angleterre, puis les troubles politiques intérieurs contraignirent les vice-rois de Nouvelle-Grenade à passer à Carthagène une partie de leur existence. Le vice-roi Sebastián de Eslava y vécut par exemple une dizaine d’années, gouvernant à la fois la capitainerie du Venezuela et la présidence de Quito.Le 11 novembre 1811, Carthagène proclama son indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Elle se dota d’une Constitution, inspirée de celle de la France et des Etats-Unis, et d’un drapeau, le cuadrilonga. Elle abolit l’inquisition. Cependant, Carthagène doit livrer encore des batailles contre les partisans espagnols des régions avoisinantes.En 1815, Carthagène repassa sous le joug espagnol du général Pablo Morillo. Le général s’empara de la ville en 121 jours. Cette période se révéla la plus noire de l’histoire de la ville. La famine et les maladies décimèrent plus d’un tiers de la population, au total 6 000 personnes.Plus tard, lors de l’ultime guerre menée contre la couronne d’Espagne par Simón Bolívar, Carthagène fut de nouveau l’une des premières villes à déclarer son indépendance. Elle obtint sa liberté définitive en 1821.Pour le courage et l’habileté des Carthaginois à défendre leur ville, le Libérateur surnomma Carthagène la « Ciudad Heroíca » (Ville Héroïque) et prononça les célèbres paroles suivantes : « Si Caracas me dio vida, vosotros me desteis gloria » (Si Caracas m’a donné la vie, vous m’avez donné la gloire). Ses paroles furent gravées sur la statue équestre érigée en sa mémoire place Bolívar à la fin du XIXe siècle.Ainsi, Carthagène est la ville mère de la Colombie. De là, s’en furent les conquistadors à la quête de l’Eldorado ; de là aussi était ramené vers la Couronne d’Espagne le butin des pillages ; là étaient débarqués les esclaves africains ; de là enfin partit, en 1819, le mouvement d’insurrection qui devait aboutir à la libération du pays.Carthagène aujourd'huiClassé par l’Unesco sur la Liste du patrimoine historique de l’humanité, Carthagène est l’un des plus éblouissants exemples d’architecture coloniale hispanique. La ville est peinte de couleurs ocre et mirabelle et de toute une gamme de pastel. Des entrées au bois sculpté ouvrent sur de somptueuses et élégantes demeures ou sur des patios verdoyants.SaisonA Carthagène, il fait beau toute l’année. La brise marine fait baisser la chaleur ambiante dès le crépuscule. La saison touristique s’étend sur les 11 premiers jours de novembre (dur de trouver une chambre à la dernière minute), décembre, janvier, juin et juillet.

Que visiter à CARTAGENA DE INDIAS ?

Quand partir à CARTAGENA DE INDIAS ?

Quand partir à Cartagena ? Trois périodes correspondent à la haute saison touristique en Colombie (temporada alta) : mi-décembre à mi-janvier (vacances scolaires), Semana Santa (« Semaine sainte », mi-avril) et dans une moindre mesure, de mi-juin à fin juillet (vacances scolaires). Durant les très nombreux week-ends de trois jours (puentes), certains établissements pratiquent également les prix de la haute saison. Tout est beaucoup plus cher à Noël et au cours de la Semaine sainte. Quand partir à Cartagena donc ? La meilleure période pour partir à Cartagena, va de janvier à mars.

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Météo en ce moment

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Météo à l'année

La météo de Cartagena est tributaire d'un climat colombien qui ne connaît que deux saisons, l’été correspondant à la saison sèche (décembre-février et juillet-août) et l’hiver à la saison des pluies (avril-mai et octobre-novembre). En saison des pluies, il pleut tous les jours, mais il ne pleut pas toute la journée rassurez-vous ! La zone caraïbe connaît un climat tropical humide, avec des températures à Cartagena tournant autour de 27 °C toute l'année.

Budget

La monnaie colombienne est le peso.  Cartagena est une ville très touristique, si bien que le budget pour se loger a tendance à être plus important qu'ailleurs en Colombie. Côté alimentation, on mange très bien pour peu cher à Cartagena. Le vin est cher, les cocktails aussi, les bières et l'aguardiente beaucoup moins !

Formalités

Pour se rendre à Cartagena, les touristes européens et canadiens en possession d’un passeport (valide pour les 6 mois à venir) n’ont pas besoin de visa si leur séjour n’excède pas 90 jours (attention, « 90 jours» ne signifie pas forcément exactement 3 mois). Ils bénéficient automatiquement d'un « PIP 5 » (permiso de ingreso y permanencia), tampon apposé sur leur passeport lors du passage au contrôle migratoire colombien. Pour rester plus longtemps à Cartagena et en Colombie, une extension du PIP 5 de 90 jours est possible une fois sur place, en se rendant aux bureaux de l'immigration (www.migracioncolombia.gov.co). L'extension du PIP coûte normalement de 99 000 $, mais il est gratuit depuis peu pour les ressortissants des pays membres de l’Union européenne !

L’accès aux parcs nationaux est soumis à un permis délivré par Parques Nacionales Naturales de Colombia, à Bogotá ou sur place. www.parquesnacionales.gov.co

Santé

Aucun vaccin n'est requis pour se rendre à Cartagena. La mer est parfois dangereuse, prudence : s'informer sur les courants, ne pas se baigner seul, loin du bord, ne pas se baigner après un repas lourd ou une exposition solaire prolongée. Se méfier des oursins, coraux, raies manta et autres méduses ou poissons venimeux. Pas de risque avec les requins a priori mais se renseigner sur la présence d'éventuels crocodiles à l'embouchure des fleuves. L'eau n'est pas potable à Cartagena.

Comment partir à CARTAGENA DE INDIAS ? Nos conseils & astuces

Étant une destination très prisée des voyageurs, Cartagena est bien connue des tours opérateurs et agences de voyage. Il est tout à fait envisageable de partir à la découverte de la ville coloniale dans le cadre d'un séjour en famille ou entre amis, de vacances en solo ou pour un voyage de noces. L'avantage d'avoir recours à ces prestations est bien sûr l'argument économique mais aussi le confort de laisser des spécialistes s'occuper des détails pour profiter au mieux du voyage.

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Un vol de la France jusqu'à Bogotá coûte entre 700 et 1 400 € selon la saison et le délai de réservation. Pour obtenir des tarifs intéressants, il est indispensable de vous y prendre plusieurs mois à l'avance. Ensuite, on peut rallier Cartagena rapidement par bus ou en empruntant un vol interne. Réserver ses chambres d'hôtel est par ailleurs toujours une bonne idée.

On circule assez facilement dans le centre de Carthagène, beaucoup à pied, les distances étant raisonnables. Sinon, des taxis et des bus urbains sillonnent la ville de jour comme de nuit. Le Transcaribe, système de bus articulés sur le modèle du Transmilenio de Bogota, permet de soulager l'angoissant chaos de véhicules autour du centre-ville. On trouve également des loueurs de bicyclettes playeras à tous les coins de rue dans le centre historique et à Getsemaní. Un moyen écolo et agréable de découvrir la ville.

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Les circuits touristiques à CARTAGENA DE INDIAS

Photos et images de CARTAGENA DE INDIAS

Palenquera vendant des fruits. andresr
Carthagène. DC_Colombia - iStockphoto
Santo Domingo Plaza Colombie, vous ne voudrez plus en repartir
Entrée de la tour de l'horloge à Carthagène. Gary Tognoni
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